Comment l’agriculture peut-elle aider à contrer les inondations ?

« Nous avons besoin d’une série d’éléments combinés pour protéger efficacement le climat et les sols contre ces catastrophes naturelles », a indiqué Olaf Bandt, président de l’organisation environnementale BUND. [Sviluppo/Shutterstock]

À la suite des inondations dramatiques qui ont ravagé une partie de l’Allemagne, plusieurs organisations environnementales ont appelé les autorités à prendre des mesures pour améliorer la prévention et la protection contre ces catastrophes naturelles. Un article d’Euractiv Allemagne.

« Nous avons besoin d’une série d’éléments combinés pour protéger efficacement le climat et les sols contre ces catastrophes naturelles », a indiqué Olaf Bandt, président de l’organisation environnementale BUND.

Dans une prise de position, la BUND et plusieurs autres associations de défense de l’environnement ont appelé les autorités à prendre des mesures pour garantir une protection écologique contre les crues. Parmi les points soulignés : la nécessité d’adapter les pratiques agricoles et forestières.

Les inondations dramatiques qui ont ravagé une partie des États membres dans l’ouest de l’UE la semaine dernière ont fait plus de 200 victimes. Face à ce sinistre, l’agriculture a également été grandement touchée. Il convient toutefois de noter que le secteur peut contribuer à lutter contre les inondations à l’avenir, ont appuyé les organisations.

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Le bocage pour retenir l’eau

En effet, « l’agriculture peut contribuer de manière significative à la lutte contre les inondations », a expliqué Matthias Meissner (BUND), lors d’un entretien avec EURACTIV Allemagne. « Il en va ici de la capacité de de stockage des sols et de la réduction du ruissellement en cas de fortes pluies. »

En cas de fortes intempéries, la composition du sol – en particulier sa teneur en humus – est primordiale, selon M. Meissner. Par conséquent, la BUND exhorte les responsables compétents à élaborer un train de règles pour garantir une couverture des sols tout au long de l’année et une rotation diversifiée des cultures, comme c’est déjà le cas dans l’agriculture biologique.

De plus, les exploitants agricoles doivent réduire leur utilisation de machines lourdes pour travailler la terre, et ce, afin de ne pas compacter la terre, a poursuivi M. Meissner. « À mes yeux, la réforme de la Politique agricole commune (PAC) nouvellement adoptée ne se concentre pas assez sur la protection des sols », a-t-il renchéri.

D’après Patrick Worms, président de la Fédération européenne d’agroforesterie, la politique défaillante relative à l’utilisation des sols a renforcé les effets néfastes des fortes pluies qui se sont abattues dernièrement à travers le bloc. Afin de maintenir l’eau dans les champs, il est nécessaire d’y faire pousser des haies et des structures arboricoles ad hoc. « En cas de tempête, les grandes surfaces à découvert sont plus à risque des dangers de l’érosion que les surfaces délimitées par des éléments qui coupent le vent, comme les haies ou des rangées d’arbres », a-t-il fait savoir.

« Le plus triste dans cette histoire, ce qu’une grande partie des dommages aurait pu être facilement évitée, et ce, à moindre coût pour les agriculteurs », a renchéri M. Worms. Toutefois, la catastrophe en Rhénanie-Palatinat et Rhénanie-du-Nord-Westphalie était inévitable, même si des changements avaient été opérés dans l’agriculture, a-t-il appuyé.

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 Renforcer les pâturages et les forêts

La Deutsche Umwelthilfe, une ASBL de protection de l’environnement, a également publié ses réclamations à l’intention des autorités. Sur les berges des cours d’eau, le droit en vigueur concernant le respect des bandes riveraines et des zones protégées doit être appliqué de manière plus cohérente, par exemple en ce qui concerne le « respect des bonnes pratiques professionnelles et la protection des sols dans la culture des terres agricoles ».

L’organisation demande également la désignation obligatoire de « corridors de développement » le long de tous les cours d’eau. Dans ces zones, les terres arables doivent être converties en prairies et au moins 50 % de la superficie doit être utilisée pour la réhumidification des plaines inondables.

« Les forêts alluviales peuvent servir de zones inondables pouvant retenir l’eau », a également soutenu M. Meissner. Il est donc nécessaire de mettre en place un programme national de lutte contre les inondations, renforcé financièrement.

En général, les forêts peuvent contribuer significativement à la protection écologique contre les inondations, a-t-il expliqué. Par exemple, les forêts naturelles sans exploitation ont la capacité d’agir comme une « éponge » et d’absorber l’eau. Dans ce cadre, « la BUND exige qu’au moins dix pour cent de la superficie forestière soit désignée de manière permanente comme forêt naturelle. »

Afin de permettre une conversion quasi naturelle des forêts, la loi allemande sur la chasse doit également être adaptée pour garantir une gestion de la faune respectueuse des forêts.

À l’échelle européenne, la Commission a récemment (16 juillet) adopté une nouvelle stratégie pour les forêts en tant qu’initiative phare dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe. Celle-ci contient un train de mesures visant à accroître la qualité et la quantité des forêts européennes, qui, selon l’exécutif, fournissent des « services écosystémiques vitaux » à la société – notamment une « protection contre les inondations graves » et une « réduction de l’impact des sécheresses ».

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« Les fortes pluies et les phénomènes météorologiques violents que nous connaissons actuellement nous rappellent clairement l’importance de forêts saines », a déclaré Jörg-Andreas, le président de l’organisation de protection de la nature NABU, lors de la présentation de la stratégie.

M. Krüger estime toutefois que la stratégie de l’UE pour les forêts n’est pas à la hauteur, car les États membres ont trop édulcoré les propositions de la Commission.

Résilience en temps de crise

Parallèlement, les mesures de protection contre les inondations sont également dans l’intérêt des agriculteurs eux-mêmes, a poursuivi Patrick Worms. Alors qu’il est « relativement certain que le changement climatique entraînera de plus en plus d’inondations et de sécheresses », les mesures demandées pourraient renforcer la résilience des exploitations agricoles.

En outre, pour mieux adapter l’agriculture aux extrêmes climatiques, des ajustements dans la rotation des cultures peuvent être nécessaires, selon Meissner.

Rendre la production agricole plus résistante aux crises est également une priorité du ministre slovène de l’Agriculture, Jože Podgoršek, qui préside actuellement le Conseil de l’UE. Cela inclut, entre autres, les extrêmes météorologiques causés par le changement climatique, a-t-il appuyé lors d’un entretien récent avec EURACTIV.

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