Déforestation liée aux importations : l’UE deuxième responsable mondial après la Chine

Au total, le commerce international de produits agricoles a entraîné en 2017 l'élimination de 1,3 million d'hectares de forêt tropicale et l'émission de 740 millions de tonnes de CO2, soit l'équivalent d'un cinquième des émissions de l'UE sur l'année. [Richard Whitcombe]

Les importations de l’UE étaient responsables en 2017 de 16% de la déforestation liée au commerce international dans le monde, ce qui fait en le 2e plus gros responsable de « déforestation importée » du globe après la Chine, dénonce mercredi un rapport de WWF.

Via ses importations de soja, d’huile de palme, de boeuf, mais aussi de produits du bois, de cacao et de café, l’UE a contribué indirectement, en 2017, à la disparition de 203.000 hectares de forêts tropicales, converties en terres agricoles, selon l’organisation environnementale.

C’est l’équivalent de 116 million tonnes de CO2, soit le total des émissions de gaz à effet de serre émis par la Belgique la même année, précise le rapport, fondée sur l’analyse fine d’images satellitaires et de statistiques agricoles et commerciales.

Au total, le commerce international de produits agricoles a entraîné en 2017 l’élimination de 1,3 million d’hectares de forêt tropicale et l’émission de 740 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent d’un cinquième des émissions de l’UE sur l’année.

Accord UE-Mercosur : la France veut des garanties « concrètes » et « vérifiables »

De « simples engagements politiques » ne suffiront pas à ratifier l’accord mixte entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, a déclaré Franck Riester le 2 mars, lors du Conseil informel des affaires étrangères en format commerce.

Devant l’UE, les importations de la Chine représentaient 24% de cette déforestation. A l’inverse, l’impact était bien moindre pour les importations de l’Inde (9%), des Etats-Unis (7%) et du Japon (5%).

Entre 2005 et 2017, les huit principales économies de l’UE (Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni, Pays-Bas, France, Belgique et Pologne) ont été responsables de 80% de la « déforestation importée » du bloc, précise le rapport, la France causant à elle seule via ses importations la disparition de 26.300 hectares par an en moyenne.

« La déforestation tropicale et la conversion des écosystèmes associées aux importations sont une mesure quantifiable, et ne peuvent plus être ignorées », insiste Michael Lathuillière, responsable de l’équipe de « cartographie des chaîne d’approvisionnement » à l’Institut de l’environnement de Stockholm.

Ajustement carbone aux frontières : des pays en voie de développement jugent la mesure « protectionniste »

« Ce qu’on attend en matière de politique climatique d’un pays africain n’est pas pareil qu’un pays européen », reconnait Raffaele Mauro Petricione, Directeur général de l’action pour le climat de la Commission européenne, ajoutant que « cela va donner lieu à des débats houleux ».

Ses données – qui ont nourri le rapport de WWF – établissent « des liens clairs entre la consommation de l’UE, notamment de soja et de boeuf, et la disparition non seulement de forêts mais également de zones humides et prairies en Amérique du sud », insiste-t-il.

De fait, en 2018, quelque 23% des importations européennes de soja – essentiellement destinées à la nourriture d’élevage – provenaient de la savane du Cerrado (Brésil/Paraguay/Bolivie), l’une des régions les plus menacées du continent, selon WWF.

« Pour l’heure, l’UE fait partie du problème, mais avec la législation appropriée, nous pouvons être une partie de la solution », soutient Anke Schulmeister-Oldenhove, responsable de l’ONG en charge des forêts.

Les eurodéputés ont voté en octobre un rapport réclamant à la Commisison européenne un tour de vis de l’UE contre la déforestation, en renforçant la traçabilité des produits susceptibles d’y contribuer et en exigeant que Bruxelles en tienne compte dans ses accords commerciaux.

Ajustement carbone aux frontières : une partie des revenus ira aux pays en voie de développement

Pour Yannick Jadot, le futur mécanisme d’ajustement carbone fait partie des « nouvelles ressources propres de l’UE » et doit servir à « lutter contre le réchauffement climatique ». Une partie des recettes ira aux pays les plus vulnérables, pour un montant estimé « entre 5 et 14 milliards d’euros par an », a-t-il précisé, mercredi 3 mars.

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