Les instituts de statistiques s’attaquent à l’évaluation des ODD

La conférence « Servir le développement et combattre les inégalités grâce à des statistiques de qualité » organisée par Expertise France s’est déroulée le 18 juin à Bruxelles lors des Journées européennes du développement.

Cet article fait partie de l'édition spéciale Les statistiques : outils indispensables à la bonne gouvernance.

L’évaluation des objectifs de développement durable grâce à des statistiques de qualité est une condition sine qua non de leur réussite. Pourtant, seule une infime part de l’aide au développement y est dédiée.

« Difficile pour n’importe quel gouvernement de dire qu’il va faire des statistiques la priorité de son budget », lance Fatiha Hassouni de l’Union pour la Méditerranée (UMP). Le sujet des statistiques ne séduit pas les foules, et peine souvent à s’imposer dans les priorités politiques des pays.

Un faible intérêt qui se ressent également dans le montant des dotations que le sujet reçoit de la part des pouvoirs publics. «  Savez-vous quel pourcentage de l’aide publique au développement est affecté à la production de statistiques ? Moins de 0,5% ! », affirme Beata Suszterova, cheffe du service statistique d’Expertise France.

Une somme dérisoire alors que l’exercice de récolte des données et de statistiques s’avère long et coûteux notamment dans les pays en développement.

Pourtant, cette récolte de données et la production de statistiques sont indispensables à l’évaluation des politiques publiques. Une nécessité qui s’est accrue avec les 17 objectifs de développement durable, adoptés en  2016 par les pays du monde entier.

Agenda pour le développement durable

Ces 17 objectifs doivent être mis en œuvre d’ici à 2030. Pour évaluer leur réussite, les Nations Unies ont par ailleurs défini pas moins de 232 indicateurs mondiaux, sur lesquels les pays doivent s’appuyer pour évaluer l’efficacité de leur action.

« Nous avons énormément de cibles dans les ODD que nous allons avoir besoin d’évaluer, notamment sur le sujet des inégalités », a souligné  Jérémie Pellet, Directeur général d’Expertise France lors d’une conférence intitulée « Servir le développement et combattre les inégalités grâce à des statistiques de qualité » organisée par Expertise France le 18 juin à Bruxelles lors des Journées européennes du développement.

Les statistiques : outils indispensables à la bonne gouvernance

La disponibilité d’une information statistique objective et de qualité est une condition nécessaire pour connaitre l’état d’une société, instaurer un vrai débat entre tous les acteurs et permettre une bonne gouvernance.

 

« Répondre au défi des inégalités est extrêmement complexe. Il faut pour cela produire des  données et des statistiques de qualité. Dans cette perspective, la coopération  est un outil central pour aider les pays à produire des statistiques de qualité » a-t-il poursuivi.

Les ODD ciblent un nombre large d’ambitions, allant de la  fin de la pauvreté dans le monde, à l’accessibilité à une eau propre et saine pour tous les citoyens du monde, en passant par la production d’une énergie propre à des coûts abordables.

La réduction des inégalités dans tous les domaines (santé, éducation, climat, emploi) constitue un des principaux défis de cet agenda. Et s’avère particulièrement épineux à mesurer. Comment connaitre l’état de l’égalité des genres dans un pays donné ? Et dans le monde ?

Une charge nationale

Chaque pays a la charge de fournir les statistiques aux Nations Unies permettant l’évaluation des ODD. Ainsi, la France a proposé mi-2018 un tableau de bord de 98 indicateurs qui constituent le cadre national pour le suivi des progrès de la France dans l’atteinte des 17 ODD.

Le sujet des inégalités et de sa mesure par les instituts nationaux de statistique est un enjeu de longue date. Mais avec l’agenda pour le développement durable, il y a urgence. Et il y a du pain sur la planche pour évaluer et récolter les données sur les inégalités dans beaucoup de domaines: le climat, l’emploi, l’égalité homme-femme, etc. » a détaillé Dominique Francoz, cheffe de section « assistance technique internationale de l’INSSE, l’institut français de statistique.

Méthode

Face aux enjeux, la question des méthodes de collecte des données va aussi devoir évoluer. « Les méthodes de collecte traditionnelles des données (telles que les enquêtes et sondages) ne seront peut-être plus suffisantes à l’avenir pour répondre aux enjeux des ODD » reconnait Gogita Todradze, directeur exécutif de l’Office national des statistiques de Géorgie, GeoStat. « Nous allons avoir besoin des nouvelles technologies pour répondre aux défis à venir, comme le Big data ».

« Les instituts nationaux de statistique ont la responsabilité de produire des statistiques de qualité, car ensuite les hommes politiques les utilisent sur la scène nationale et internationale. Les statistiques sont le miroir de la société » a conclu Avis Benes, cheffe de l’élargissement, du voisinage et du développement chez Eurostat.

« L'évaluation statistique est au cœur des Objectifs de développement durable »

Les statistiques vont permettre l’évaluation des objectifs de développement durable (ODD), et notamment des objectifs d’égalité des genres, explique Fatiha Hassouni de l’Union pour la Méditerranée.

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