Pour Schäuble, une modification des traités est «irréaliste»

Wolfgang Schauble [Stéphanie Lecocq/EPA]

Le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble a déclaré le 23 mai qu’il était « irréaliste » d’envisager de changer les traités européens à ce stade.

Suite à l’élection d’Emmanuel Macron, une dynamique est en train de se mettre en place au niveau européen pour finaliser l’union économique et monétaire.

La France et l’Allemagne semblent sur la même longueur d’onde. Paris veut accélérer les réformes clés réclamées par ses partenaires européens, y compris la révision du marché d’un travail plutôt rigide, alors que Berlin est ouverte à l’idée d’une modification des traités, a déclaré la chancelière allemande, Angela Merkel, la semaine dernière.

Macron et Merkel ouvrent la porte à la réforme des traités européens

Les deux dirigeants veulent restaurer la dimension « historique » du couple franco-allemand et de réformer l’Europe, multipliant les gestes réciproques d’ouverture, comme sur la réforme des traités.

Le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, est toutefois venu doucher les espoirs grandissants concernant des propositions de grandes ampleurs, comme l’union fiscale ou la mise en place d’un trésor européen.  Il est « irréaliste » d’envisager une modification du traité de Lisbonne, a-t-il ainsi estimé durant la cérémonie de clôture du European Business Summit à Bruxelles.

Wolfgang Schäuble a rappelé que toute modification du traité nécessiterait l’accord unanime des 27 gouvernements de l’UE, la ratification du Parlement et même des référendums populaires dans certains États membres.

Le ministre allemand préfère « la deuxième meilleure option », qui consiste à avancer étape par étape, via des accords ad-hoc dans des domaines spécifiques. Il reconnaît néanmoins que sa vision des choses est « moins optimiste » que la feuille de route présentée quelques minutes plus tôt par le ministre espagnol de l’Économie, Luis de Guindos.

Le ministre espagnol estime quant à lui que l’Europe devrait finaliser l’union bancaire grâce à un système européen de garantie des dépôts, mettre en place une union fiscale et un jour, établir un trésor européen gouverné par une union politique. « La zone euro doit avancer vers une gestion commune de la dette et un certain degré de mutualisation », a-t-il suggéré.

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Partage des risques

La Commission européenne devrait proposer une « capacité budgétaire limitée » la semaine prochaine pour soutenir l’investissement et, à l’avenir, compléter les systèmes nationaux de lutte contre le chômage. Néanmoins, l’instauration d’un Trésor européen et certaines autres propositions de grande ampleur nécessitent une modification du Traité. Les transferts fiscaux et la mutualisation de la dette ont constitué une pomme de discorde entre les pays européens du nord et ceux du sud depuis le début de la crise financière il y a presque dix ans.

Luis de Guindos a tenté de rassurer l’Allemagne en disant que tout partage des risques nécessiterait des réformes économiques dans certains pays pour combler les divergences économiques en termes de compétitivité et de finances publiques.

Pendant ce temps, Wolfgang Schäuble a salué les efforts de l’Espagne et du Portugal en soulignant le fait que leur reprise économique a été « mieux que prévue ». Il a toutefois été plus critique vis-à-vis de l’Italie en déclarant que le problème du pays était politique puisque les Italiens « n’ont pas confiance en leurs dirigeants politiques ».

Selon le ministre allemand, l’Europe doit venir à bout des divisions entre l’est et l’ouest avant d’approfondir l’union économique et monétaire. Presque 20 ans après la chute du mur de Berlin, les différences entre les deux côtés sont toujours visibles, a-t-il expliqué.

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