Pays-Bas, l’autre pays où l’extrême droite prospère

Geert Wilders, le dirigeant du PVV. [Metropolico.org/Flickr]

Geert Wilders, le leader du PVV, exploite la colère des bas salaires et la dirige contre les minorités, pour tenter de virer en tête des législatives du 15 mars. Un populisme axé sur la peur, qu’il teste dans sa ville fétiche… Un article de notre partenaire, Ouest-France.

Un cœur de briques irrigué par des canaux. Religieusement propre… Spijkenisse, 70000 habitants, est une ville typique des Pays-Bas.

« Plutôt tranquille. Les gens préfèrent vivre ici qu’à Rotterdam où ils travaillent », raconte Christel Groenewood, une aide-soignante à domicile de 51 ans, croisée au Kopspijker, poumon commercial du centre-ville. « L’immobilier reste abordable », assurent Nathalie et Roy Norteweg. L’infirmière et l’intérimaire, parents d’un petit Mylo, 2 mois, viennent d’acquérir « un appartement de quatre pièces pour 104 000 €. »

« Il y a juste trop de musulmans », lâchent deux lycéens en bombers noirs et tee-shirts tête-de-mort. Ils ont 17 ans, pas encore le droit de vote, des parents au chômage, et se disent « dégoûtés par les vieux partis qui ne font rien ».

Aux Pays-Bas, le Bureau central de la statistique indique un taux précis de population d’origine étrangère (double nationalité), par commune : 26 % à Spijkenisse, dont 10 % d’Occidentaux et 15 % de Non-Occidentaux, Turcs, Marocains, Antillais de l’ancien empire colonial… Des indications ethniques, régulièrement dévoyées, au détriment du million de musulmans néerlandais.

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« Il a l’air sincère »

Geert Wilders, né à Venlo, près de la frontière allemande, appelle Spijkenisse « ma ville natale ». Le leader du parti d’extrême droite PVV voulait rencontrer les « bons électeurs » de cette commune où il a enregistré son meilleur en score en 2010, lui assurant vingt-quatre sièges à l’assemblée. Depuis, il s’y enracine. Marine Le Pen, sa voisine au Parlement européen, l’imite en Haute-Marne.

Le 18 février, il a lancé sa campagne, autour de l’église de Spijlkenisse, en ciblant « la racaille marocaine », promettant « d’interdire le Coran ». Un an plus tôt, en janvier, il avait attiré les journalistes pour donner l’ampleur qu’il voulait aux agressions sexuelles, à Cologne, en Allemagne. Il a distribué des bombes de défense spéciales. « Elles projettent de la peinture au lieu du gaz lacrymo. Les agresseurs, maculés de rouge, sont reconnus », a jubilé le commentateur de PowNed, chaîne trash-populiste du service public.

Ce raout médiatique fut « la provocation de trop » pour l’aide-soignante Christel Groenewood. Elle a voté PVV pour protester contre les coupes du Premier ministre libéral Mark Rutte dans la santé. Elle ne recommencera pas. Mercredi, cette protestante choisira la droite chrétienne, « pour ses valeurs morales. »

Sandra Speelmeijer restera fidèle à Wilders. Cette jeune salariée d’un supermarché, blondinette célibataire, se place dans la catégorie « des oubliés de la classe politique. À part mon salaire, tout a augmenté : assurance santé, loyer (700 €)… J’aimerais bien acheter, cela me reviendrait moins cher, mais aucune banque n’accorde de prêt quand tu gagnes 1 400 € par mois. » La haine viscérale de Wilders contre l’islam ? « Je lui donne des bons et des mauvais points, botte-t-elle en touche. Il a l’air sincère. »

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