Trump démarre une guerre froide commerciale avec l’UE

Donald Trump compte imposer une taxe de 20% aux produits d’importation, en dépit des règles de l’OMC. Un projet qui risque d’empirer le bras-de-fer commercial entre le deux blocs. Un article de notre partenaire en République tchèque, Aktuálně.cz.

L’administration Trump veut réduire les taxes sur les exportations américaines, mais prépare en même temps une « taxe d’égalisation » de 20 % qui s’appliquerait aux bien importés. Une réforme qui violerait les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Face à une telle proposition, l’Union européenne menace d’intenter une action devant l’OMC, mais Donald Trump a riposté en émettant la possibilité de retirer les États-Unis de l’organisation. Ce qui signifierait que les États-Unis éviteraient toute sanction éventuelle.

D’ici à la fin de l’année

Les républicains américains ont introduit cette proposition en juillet dernier durant la campagne électorale du magnat de l’immobilier. Désormais, ils veulent la mettre en pratique le plus rapidement possible.

Le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, parle du mois d’août, mais Donald Trump est légèrement plus prudent et veut faire passer sa loi au Congrès « d’ici à la fin de l’année ».

Si la réforme est adoptée, les exportateurs européens vers les États-Unis verront leurs coûts augmenter considérablement. En plus de l’action de l’OMC, l’Europe pourrait prendre des contre-mesures, ce qui pourrait mener à une véritable guerre commerciale. Selon certains économistes, cela pourrait rappeler les années 1930.

TTIP 

Le nouveau gouvernement américain envisage aussi de torpiller le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP).

« Il est triste de voir que la nouvelle administration prend un virage à 180 degrés par rapport aux précédentes relations commerciales et économiques », a déclaré l’eurodéputé du parti ANO 2011, Pavel Telička (ALDE).

« Au lieu de négocier avec nous un nouveau contrat, Donald Trump et son équipe se dirigent vers du protectionnisme et des mesures administratives qui vont nuire à l’économie américaine », a-t-il ajouté.

Le discours anti-TTIP domine dans la campagne américaine

Les candidats à la Maison Blanche taclent unanimement le libre-échange défendu par Barack Obama pendant son mandat. Un changement de ton de mauvais augure pour les négociations commericales en cours avec l’UE.

Nouveaux emplois

Donald Trump veut avant tout tenir ses promesses de campagne et créer de nouveaux emplois aux États-Unis. Il souhaite donc promouvoir les exportations américaines et contrebalancer ou même inverser le déséquilibre commercial avec l’Union européenne, qui n’est pas favorable aux États-Unis.

En 2015, l’Union européenne a exporté des biens pour un montant de 371 milliards d’euros alors que les exportations américaines ont représenté 248 milliards d’euros.

Selon certains analystes, le plan mis en avant par les républicains pourrait mettre en danger l’économie d’un certain nombre de pays et mener à des suppressions d’emplois massives. L’UE veut donc se défendre en utilisant tous les moyens possibles.

« Si les Américains commencent à rompre leurs engagements, la défense de l’UE via l’OMC est tout à fait logique », a souligné Pavel Telička.

La guerre commerciale a déjà commencé

« Le protectionnisme américain n’a rien de nouveau. La seule différence est qu’il est visible, car Donald Trump s’en vante du point de vue politique », a prévenu Pavel Poc, membre du Parlement européen (S&D).

Il a notamment souligné que les États-Unis n’avaient toujours pas retiré l’interdiction des importations de bœuf européen. Washington l’avait introduit dans les années 1990 à cause de la maladie de la vache folle. « Ils ont seulement fait une exception pour le bœuf irlandais, car ils en voulaient sur leur marché », a ajouté Pavel Poc.

Pour Pascal Lamy, les «Trumponomics» ne contamineront pas l’Europe

L’ancien chef de l’OMC  et ancien commissaire européen au commerce juge la politique protectionniste de Donald Trump obsolète. Mais affirme que les politiques européens ne suivront la tendance américaine.

 

 

« Selon moi, il y a déjà une guerre commerciale depuis longtemps,  mais seulement du côté américain. L’Europe est ouverte au commerce, peut-être trop, alors que d’autres protègent leurs marchés et leur économie », a déclaré l’eurodéputé tchèque.

« Ensemble, les États membres de l’UE et les États-Unis forment la plus grande force économique du monde. Les 20 % de droits de douane supplémentaires auraient bien évidemment un impact négatif à l’échelle mondiale », a indiqué Jan Zahradil eurodéputé (ECR) et vice-président de la commission commerce international.

Il n’en reste pas moins que, selon le groupe de réflexion Tax Foundation, la nouvelle « equalisation tax » proposée par les républicains ferait gagner au Trésor américain 1000 milliards de dollars au cours des dix prochaines années.

Un conflit à l’OMC pourrait couter cher à Trump

Cependant, si la plainte de l’UE devant l’OMC contre l’introduction d’une taxe américaine aux importations débouche positivement, les États-Unis devraient au contraire payer des amendes.

Selon Chad Brown de l’institut Peterson d’économie internationale à Washington, ces sanctions pourraient s’élever à 385 milliards d’euros par an. Reste donc à savoir si la plainte de l’UE lui sera favorable.

« Il est trop tôt pour évaluer les chances de l’UE dans ce conflit », a prévenu le ministre tchèque de l’Industrie et du Commerce. Selon lui, le plus important est le contenu de la poursuite en justice et de savoir quelles règles enfreignent les États-Unis précisément avec cette réforme.

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